Paroles à éviter absolument lorsqu’on s’adresse à une personne en dépression
Dire à quelqu’un “ça va passer” peut parfois lui faire l’effet d’une porte qui claque. Derrière les mots, le silence s’installe, pesant, coupant la personne dépressive de ce dont elle a le plus besoin : se sentir comprise, accueillie, reconnue.
Quand le dialogue s’enlise dans des phrases toutes faites, la relation s’étiole. À force de conseils standard ou de jugements, même involontaires, la confiance se fissure. Le soutien s’éloigne, laissant la personne encore plus seule face à sa douleur.
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Pourquoi certaines paroles, même bien intentionnées, peuvent aggraver la souffrance d’une personne dépressive
La dépression n’a rien d’un vague passage à vide ou d’une simple fatigue. Il s’agit d’une maladie qui bouleverse la vie entière : émotions, sommeil, appétit, énergie, capacité à éprouver un semblant de plaisir… tout vacille. Les proches, souvent démunis, veulent rassurer, mais ces tentatives produisent parfois l’effet inverse.
Affirmer “ça va passer” ou conseiller de “se secouer” revient à poser un voile sur ce qui se joue vraiment : la dépression isole, fait naître une culpabilité tenace, installe des pensées noires et, par-dessus tout, rend la douleur invisible aux yeux d’autrui. Ce type de parole, qui efface la portée de la souffrance, favorise l’auto-dévalorisation et empire la détresse.
Chacun cherche la phrase qui soulagera, sans toujours mesurer qu’elle peut blesser. Dès lors qu’on aborde la santé mentale, les mots dépassent le seuil de la maladresse. Non, la dépression n’est pas juste “un coup de mou” : elle bloque les élans, obstrue le futur, assèche le goût de la vie.
Certains constats reviennent régulièrement dans ces moments d’épreuve :
- Ramener les symptômes à une histoire de volonté renforce l’isolement.
- Délivrer des conseils non sollicités, juger prématurément, alourdissent le poids de la culpabilité.
- Refuser la légitimité de la souffrance augmente le repli et le risque de tentatives de suicide.
Lorsque la dépression frappe, chaque mot compte. Légers pour certains, ils deviennent des poids pour d’autres.
Quelles phrases faut-il absolument éviter et pourquoi font-elles du mal ?
Des paroles à éviter s’immiscent souvent dans la conversation sans que l’on s’en aperçoive. Sous couvert d’encouragement, elles blessent. Celles-ci reviennent sans cesse : “Tu devrais faire un effort”, “Avec le temps, ça ira mieux”. Elles nient la force de la maladie et ignorent la profondeur du mal-être.
Comparer (“Tu as tout pour être heureux”), relativiser (“Moi aussi, parfois ça ne va pas tant que ça”) enferme la personne dans un sentiment d’injustice et d’incompréhension. La dépression ne se résume pas à un déficit de caractère. Elle épuise, désactive l’énergie, rend pénibles même les petites actions du quotidien. Les poncifs du type “C’est dans la tête”, “Sois positif” trop souvent ferment la porte à la discussion et installent la distance.
L’avis des soignants est unanime. Certains, comme le psychiatre Jérôme Palazzolo, rappellent que prodiguer des conseils quand ils ne sont pas demandés peut saper un équilibre déjà précaire. Proposer d’aller “se changer les idées” ou de sortir, c’est oublier combien ce genre d’initiative représente un effort colossal pour la personne atteinte.
Pour apporter un vrai soutien, il importe de laisser de côté comparaisons stériles et banalisation. Refuser à l’autre le droit de souffrir ne fait que creuser la solitude et éloigner l’aide réelle.
Des attitudes et mots qui soutiennent vraiment : comment accompagner avec bienveillance au quotidien
Tout ne se joue pas dans une formule magique. Être présent, sincèrement, pèse infiniment plus. La présence bienveillante, sans injonction, sert souvent de point d’appui, même discret. L’écoute active est irremplaçable : accueillir ce qui se dit, sans diminuer ni tenter de résoudre hâtivement. Parfois, quelques mots simples, “je t’entends”, “ce n’est pas facile, je comprends”, ouvrent davantage qu’un long monologue optimiste.
Au fil des jours, la patience s’avère précieuse. Rien ne s’efface du jour au lendemain. Les progrès se font par à-coups. Offrir une aide concrète selon les besoins : accompagner à un rendez-vous, s’occuper des courses, préparer un repas, prendre en charge une démarche administrative, tout cela peut alléger le quotidien sans empiéter sur l’autonomie. Prendre le temps, ne rien brusquer, autorise la personne à avancer à son rythme.
Différentes attitudes transforment la relation d’aide et peuvent faire la différence :
- Reconnaître la souffrance : dire que ce que vit la personne est réel, légitime, sans émettre de jugement ou de doute.
- Respecter l’autonomie : encourager, proposer, jamais imposer une solution “miracle”.
- Favoriser l’accès aux soins : suggérer un contact avec un médecin, un psychologue ou un psychiatre si la personne en exprime le besoin, et toujours respecter son choix quant au moment d’engager cette démarche.
L’appui de la famille et des amis représente parfois un rempart face à la détresse. Certains trouvent du soutien auprès d’associations spécialisées, d’autres par le biais de structures d’écoute ou de professionnels. En situation critique, des dispositifs d’aide téléphonique existent pour répondre dans l’instant. Ce qui compte avant tout : rester disponible, respecter le rythme de chacun, sans jugement, ni intrusion.
Parfois, il suffit d’un mot pesé, d’une attention discrète ou d’un geste simple pour amorcer une traversée différente. Face à la dépression, la justesse du soutien ne tient pas à la perfection du discours, mais à la chaleur humaine et à la constance du lien.
